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Je vous écris du Vel d’Hiv : Les lettres retrouvées

Couverture Je vous écris du Vel d'Hiv : Les lettres retrouvées

Après avoir lu Elle s’appelait Sarah de Tatiana de Rosnay, je voulais en savoir plus sur cet épisode de notre histoire. Donc quand j’ai vu ce livre, je me suis dit que c’était ce qu’il me fallait. Voici la 4ème de couverture :

13000 Juifs ont été arrêtés puis internés mes 16 et 17 juillet 1942 lors de la rafle du Vél’d’Hiv.

On a longtemps cru qu’il ne restait de ces journées qu’une seule et unique photo, quelques documents administratifs, et de trop rares témoignages. Récemment, au Mémorial de la Shoah, Karen Taïeb, responsable des archives, a découvert une poignée de lettres écrites dans l’enceinte même du Vélodrome d’Hiver et sorties clandestinement. Tous les auteurs de ces lettres ont été déportés. Parmi eux, seule une femme est revenue.

Réunies ici pour la première fois, reproduites en fac-similé et retranscrites, ces lettres nous plongent de façon saisissante dans la réalité de cet épisode tragique de la Seconde Guerre mondiale.

Comme extrait, j’ai hésité entre un morceau de la préface de Tatiana de Rosnay ou une lettre et je me suis décidée pour une courte lettre :

Sevran, le 9/08/42

Chère petite femme,

Je viens d’apprendre ton adresse et je me précipite pour t’envoyer ce petit mot. Prends courage et bientôt nous serons ensemble. Je te rachèterai tout ce que tu as perdu. Ne pense plus à rien pense à ta santé et à ton moral. Les enfants vont nous être rendus et on fera tout ce qu’on pourra. Nana s’en occupera très bien. Elle fait tout ce qu’elle peut pour les avoir. Moi j’ai beaucoup de chagrin et pense sans cesse à vous. Je ne mange pas et ne dors pas. Je te fais envoyer un petit colis et espère que tu vas le recevoir. Si oui, réponds de suite et on enverra un autre.

Ton petit mari Max.

Paulette ne lira jamais cette carte. Frappée du tampon « retour à l’envoyeur », l’administration du camp la refusera. A cette date, Paulette a déjà été déportée au camp de Birkenau dont elle n’est pas revenue.

Je reste mitigée sur cette lecture. Tout simplement car elle ne correspondait pas à ce que j’attendais ou à ce que je voulais apprendre. Ces lettres sont très importantes et je trouve bien qu’elles aient été rassemblées dans un recueil et mises à la portée de tous. Il y a aussi des informations sur ceux qui les ont écrites, des photos.

Mais en fait, il m’a manqué l’émotion. J’ai trouvé plus émouvant la préface ou le témoignage du pompier dans les annexes que les lettres en elles-mêmes.

Tout simplement parce que en écrivant ces lettres, peu se rendaient compte de ce qui allait leur arriver, ils pensaient bientôt revoir leur famille et ne réfléchissaient qu’à leurs besoins immédiats (beaucoup demandent des colis de nourriture ou avec des affaires d’hygiène ou de confort). Ils pensent que leurs enfants ont été pris dans la rafle par erreur et qu’ils vont bientôt sortir, ils savent qu’ils vont être envoyés vers d’autres camps mais ne se rendent pas compte que l’issue pour la majorité d’entre eux est la mort…

En fait, ce qui marque dans cette lecture, c’est l’espoir : l’espoir de retrouver ses affaires, l’espoir qu’on va prendre soin de ses enfants, l’espoir que ce qui n’ont pas été pris dans la rafle sont à l’abri, l’espoir de bientôt revoir ses proches. Encore plus marquant car nous connaissons la suite de l’histoire, nous savons ce qui va leur arriver, nous savons que pour la plupart cet espoir est vain même si c’est grâce à lui que les victimes de la rafle ont réussi à tenir aussi longtemps malgré leurs conditions de détention.

En résumé, un recueil intéressant mais qui n’apporte que peu d’informations sur ce triste épisode de notre histoire. Je chercherais d’autres ouvrages ou romans pour retrouver l’émotion ressentie à la lecture d’Elle s’appelait Sarah et pour combler mon manque de connaissance sur ces rafles.

♥♥♥♥♥